jeudi 22 mai 2014

Mon Dieu, sauvez les Belges ! (Via @koztoujours)




Petit à petit, j’ai commencé à regarder vers le Nord avec tendresse. Vers le Nord, vers les Belges et plus particulièrement certains d’entre eux. Ils sont jeunes, catholiques, je les croise sur les réseaux. Ils illustrent admirablement l’exergue de mon blog : « l’important est d’avoir été là ». Car, dans une société à côté de laquelle la nôtre fait figure de théocratie, ils ne peuvent guère espérer davantage qu’être là, témoigner, veiller. Ils sont à leur façon des lanceurs d’alerte.

Et nous devrions leur témoigner plus de reconnaissance car ils sont aux avant-postes. Les logiques à l’oeuvre chez eux se diffusent ensuite chez nous. La « parade » que le Professeur Jean-Louis Vincent pense avoir trouvée à l’invocation de la mission de soin des médecins arrivera chez nous : « le premier but de la médecine est de restaurer ou maintenir la santé, c’est-à-dire le bien-être de l’individu, pas la vie à tout prix ».

Cette phrase a toutefois trois mots de trop, dans le seul but de rendre acceptable le fond de sa pensée. Car personne ne veut maintenir la vie à tout prix. La loi française interdit l’ »obstination déraisonnable ». L’Eglise dénonce l’ »acharnement thérapeutique ». Sa pensée doit se lire ainsi : « le premier but de la médecine est de restaurer ou maintenir la santé, pas la vie » (vous m’excuserez d’avoir supprimé une incise). Et, de fait, plus clairement encore, lorsque le médecin ne peut restaurer ou maintenir la santé, alors il donne la mort. Il doit donner la mort.

C’est un article d’Aleteia qui m’a alerté. Suspicieux malgré tout, j’ai recherché le texte dont cet article parlait, l’ai lu.

Il est ici, et il s’agit d’une publication scientifique. C’est une prise de position de la Société belge de soins intensifs, dont le Pr Vincent est l’ancien président. Leur demande ? L’euthanasie non sollicitée. Pouvoir décider de la mort d’une personne.

Ironiquement, les partisans de l’euthanasie vendent ici leur camelote en invoquant le pouvoir qu’on laisse aujourd’hui aux médecins. En vérité, ils donneraient aux médecins le droit de vie et de mort sur vous et moi.

Ainsi ces médecins écrivent-ils :

we explain our belief in the concept that shortening the dying process by administering sedatives beyond what is needed for patient comfort can be not only acceptable but in many cases desirable. [Nous exprimons notre conviction dans le fait que raccourcir le processus de fin de vie par l'administration de sédatifs au-delà de ce qui est nécessaire pour le confort du patient peut non seulement être acceptable mais dans bien des cas souhaitable]

Et cette accélération du processus de fin de vie – une précipitation de la mort - doit être décidée par les médecins eux-mêmes, qui informent la famille.

Ils l’informent, seulement, ils ne lui demandent pas son avis. D’ailleurs, les patients et leurs familles leur seront gré de cette affirmation de principe : « les familles doivent être informées des pronostics et décisions en/de fin de vie à tout moment ». Vous êtes bien bons.

Les proches seront donc informés de la décision des médecins de mettre un terme à la vie du patient. Le tuer.

Shortening the dying process with use of medication, such as analgesics/sedatives, may sometimes be appropriate, even in the absence of discomfort, and can actually improve the quality of dying; this approach can also help relatives accompany their loved one through the dying process—such a decision should be made with due consideration for the wishes of family members. [Raccourcir le processus de fin de vie par l'utilisation de médicaments, tels que des analgésiques ou des sédatifs, peut parfois être approprié, même en l'absence d'inconfort, et peut réellement améliorer la qualité de la fin de vie; cette approche peut aussi aider les proches à accompagner ceux qu'ils aiment à travers le processus de fin de vie - cette décision devrait être prise en considération des souhaits des membres de la famille]

Dans une tribune, le Pr Jean-Louis Vincent se fait encore plus clair, sans les éventuelles ambiguïtés d’une traduction en français. Il dresse au demeurant un tableau effarant de la situation actuelle en Belgique.

Il s’y déclare partisan d’une « fin de vie non demandée » (bref, vous achever sans votre avis), lorsque le patient souffre d’une fin de vie douloureuse et sans espoir de récupération. Notons que persiste le type d’ambiguïté qui ne devrait pas exister lorsque l’on parle de vie et de mort : s’il parle de fin de vie douloureuse, la Société belge de soins intensifs s’est en revanche prononcée pour un « raccourcissement du processus de fin de vie » – une précipitation de la mort – même en l’absence d’inconfort.

Il écrit encore, littéralement, qu’il s’agit bien de « précipiter la mort lorsque la qualité de vie est devenue insuffisante ». Notez, toujours, le même flou, puisque l’on parle un coup d’application même en l’absence d’inconfort et une autre fois de qualité de vie insuffisante. Ne laissez pas non plus passer cette référence à la « qualité de vie », concept que nous voyons donc passer des annonces immobilières au critère de jugement en vue de la mort. Et ne vous laissez pas endormir avant d’avoir compris que, puisque nous sommes dans l’hypothèse où le patient ne s’exprime plus, les médecins se mettront eux-mêmes en situation de juger de la qualité de vie d’une personne. Des hommes apprécieront ainsi la qualité de vie d’un autre, et jugeront si elle justifie qu’il continue à vivre ou non.

Mais si cela constitue une inquiétude pour l’avenir, le tableau qui est fait du présent n’en est pas moins sidérant, y compris dans l’apparente facilité avec laquelle le Pr Vincent évoque des situations incroyables : il dit expressément que les cas « d’euthanasie non demandée » dépassent « très largement les quelques mille cas d’euthanasie demandée qui sont enregistrés par an en Belgique ». Et même, explique-t-il, ces cas d’euthanasie demandée, alors que le malade n’est pas dans une situation de souffrance incontrôlable, ne sont jamais déclarés !

Lorsque, dans un billet ou un autre, j’alertais sur le risque inhérent à la légalisation de l’euthanasie (voire à sa banalisation sans même légalisation) que l’on en vienne à vous euthanasier sans votre avis, on m’opposait que ce ne serait que théorie de la « pente glissante », ni rigoureuse ni crédible.

Or, non seulement des médecins précipitent effectivement la mort de patients sans leur accord ni celui de leurs proches, quand bien même leur souffrance peut encore être contrôlée, mais il faudrait donner une reconnaissance légale à ces pratiques.

Soyez certains qu’au lieu d’assurer la condamnation effective de ces pratiques illégales, l’argument habituel sera ressorti : « ces pratiques existent, il faut les encadrer [comprenez : les légaliser]« .

Dernière chose. Pour la bonne bouche, le document de la Société belge de soins intensifs porte un ultime et dixième commandement :

The present document applies to children as well as to adults.

De vous à moi, même à ceux que cela défrise, je regarde vers le Nord, avec tendresse, et je me dis que la folie des Hommes suit l’effacement de Dieu.

Source: koztoujours



---------------------------------------------------------------------

Mon Dieu, sauvez les Belges ! (Via @koztoujours)
Réponse de l' académie de Médecine suite à la saisine du Conseil d’Eta concernant 
                            la situation de Monsieur Vincent Lambert
Jean-François Mattei, sur l'affaire Vincent Lambert, « Le conseil d'Etat est contraint à un jugement de Salomon »
Affaire Vincent Lambert : le coup d’éthique du Conseil d’Etat

Archives du blog :

2014


L’EUTHANASIE  DES NOUVEAU-NÉS ET  LE PROTOCOLE DE GRONINGEN

                                      (Institut Européen de Bioéthique)
Pour que plus jamais on ne touche aux Intouchables (Philippe Pozzo di Borgo)
Jean-François Mattei, sur l'affaire Vincent Lambert, « Le conseil d'Etat est contraint à un jugement de Salomon »
Affaire Vincent Lambert : le coup d’éthique du Conseil d’Etat
"Comment réduire la vulnérabilité des personnes en fin de vie" Avec Didier Sicard
Avis de 18 citoyens  sur La fin de Vie !
"Solidaires en fin de vie, Ta vie vaut mieux que l'euthanasie !"
L' embrouille du Rapport Sicard sur la Fin de Vie,
suicide assisté et Euthanasie en embuscade.
La justice sauve un patient d’une euthanasie
Euthanasie - Lettre ouverte à mes confrères de l’Ordre des médecins
par le Docteur Léonard Tandeau de Marsac
Rapport Sicard: "Penser solidairement la fin de vie"


2013

 Avis de 18 citoyens  sur La fin de Vie ! Mrs,Mmes les Parlementaires, de qui se moque t on !

"Solidaires en fin de vie, Ta vie vaut mieux que l'euthanasie !"
2012
Rapport à François Hollande Président de la république Française
Euthanasie, soins palliatifs... La fin de vie en France n'est pas celle qu'on croyait
Fin de vie : l’Académie nationale de médecine se prononce
Fin de vie: "Même une personne vulnérable, fragile, abîmée reste digne jusqu’au bout"
Mission Sicard - Fin de vie : faut-il aller plus loin que la loi Leonetti ?
Le débat sur l'euthanasie devient un débat sur le suicide assisté
Vivre la fin de vie (RCF) avec Tugdual Derville
Le député UMP Jean Leonettio estime que la loi sur la fin de vie portant
son nom peut être améliorée.
L’exception d’euthanasie
Le droit devant la mort
Perdu d' avance ? (Euthanasie et Homofiliation )
Euthanasie: "Y avait-il une solution pour Vincent Humbert, Chantal Sébire ... ?"
Face à "La tentation de l' Euthanasie" - Bilan du #VITATour d' AllianceVITA
François Hollande relance le débat sur l'euthanasie (sur RND)
Euthanasie et mourir dans la dignité dans Carrément Brunet
avec Tugdual Derville & Jean Leonetti
"Au pays des kangourous" - Fin de vie et dépression , l' importance du "regard" de l' "autre"
Droit des malades et fin de vie, que dit la loi "Leonetti" ?
Euthanasie : Opération Chloroforme pour Jean-Marc Ayrault via @Koztoujours
Audio du Premier Ministre Jean-Marc Ayrault sur l’euthanasie
"Euthanasie : terrorisme intellectuel et complaisance politique"
L' Euthanasie n' est pas une valeur de gauche ...
Déclaration de l' académie Catholique de France sur la « FIN DE VIE »
"Rire et soins palliatifs, est-ce sérieux?" avec Sandra Meunier, clown art-thérapeute
Quels soins palliatifs pour demain ... lors de la journée mondiale des soins palliatifs sur RND
Le Groupe National de Concertation sur la Fin de Vie (GNCFV) propose au gouvernement l’organisation d’un débat public
"Sauvons Papi et Mamie" - Une campagne pour la VIE
"La fin de vie" dans RCF Grand Angle avec Tugdual Derville
Euthanasie: 10 ans d’application de la loi en Belgique (Mai 2002- 2012 )
Les AFC rentrent en campagne, pour une politique soucieuse des plus fragiles
Alliance Vita continue son "Tour de France de la solidarité" - #VITATour
Alliance Vita lance son "Tour de France de la solidarité"
Pourquoi la question de la fin de vie est-elle si politique ? avec Tugdual Derville
Tugdual Derville sur RCF au furet du nord de Lille - "Tour de France de la solidarité"
France Catholique: La tentation de l' Euthanasie, enjeu majeur de l' élection présidentielle
Fin de vie, faut il une nouvelle loi ? avec Tugdual Derville sur BFMbusiness


2011
Carte vigilance "Fin de vie" - 10 idées solidaires de la dépendance
Alliance VITA: "appel aux candidats aux élections de 2012
Face à une demande d' euthanasie ! (Mieux comprendre la complexité des soins palliatifs)

"Euthanasie, directives anticipées, sédation : synthèse et analyse d'AllianceVITA"
Affaire Vincent Lambert : le coup d’éthique du Conseil d’Etat





En musique...

Découvrez la playlist Blogspot avec Serge Reggiani